« Dites professeur, » laissait entendre la première de classe, main dressée dans les airs, sourire étincelant la totalité de son visage. « Y a-t-il une différence entre la vie éternelle et l’immortalité? » toute fière de sa question qu’elle pensait difficile. Felix cambrait un léger rictus, si ce n’était que pour être poli, avant de s’assoir au bout de son bureau en fixant ses élèves. La moitié de sa classe était désintéressée, d’un car les vendredi après-midi étaient particulièrement ardues pour eux qui avaient déjà une semaine entière d’étude dans le corps et de deux car la fin de semaine viendrait bientôt les délivrés de leur prison. L’autre moitié n’avaient de yeux que pour leur professeur et d’oreille que pour tout ce qu’il avait à leur apprendre. Leur curiosité rafraichissante rappelait à l’homme pourquoi il gardait ce job, même après toutes ces années et les difficultés encouru. Cacher son rôle comme chasseur était déjà ardu, les cernes sous ses yeux montraient facilement sa fatigue grandissante qui ne fit qu’empirer avec les années, mais devoir en plus jongler avec les Crimson Hounds? Felix abaissait légèrement ses épaules, se détendant, profitant de cette question théorique pour simplement s’amuser en cette fin de classe. À d’autres moments les réflexions, ses élèves voulaient s’amuser avec du théorique et il pouvait leur offrir ses connaissances sur le sujet qui était plus approfondi sans les effrayer pour autant.

« Vita Aeterna, est une malédiction. Il consiste à vivre pour toujours et exister au-delà de tout ce que nous avons connus. Il s’agit d’un concept imaginaire, bien sûr, persistant au fils de l’histoire dû à la perversion humaine dans une quête d’immortalité. Ils sont la même chose. L’immortalité et la vie éternelle sont un tout, ils existent dans la même sphère de réalité, ils n’ont de différence que leur utilisation fictive dans les œuvres de science-fiction au cinéma.» Disait-il à une bande d’adolescent ne comprenant pas encore le concept de la mort, puisque leur matière grise les laissait croire qu’ils étaient immortels, jusqu’à preuve du contraire. « Malgré les croyances populaires notamment dû à la médiatisation hollywoodienne, il ne s’agit pas d’une bénédiction, c’est le concept dans lequel votre âme- » La cloche sonnait. Une bonne partie de ses étudiants sautaient à pied joint hors de leur chaise, enfilant rapidement leur sac à dos. Felix montait le ton de sa voix pour finir sa phrase « - EST condamné à revenir encore et encore. Ou votre corps ne vieillit jamais. C’est de devoir survivre à tout ce que vous connaissez et subir le deuil de plusieurs vies. C’est d’être condamné à perdre par exemple dans le cas des vampires le droit de vivre à la lumière du jour contre cette jeunesse éternelle. Dans d’autres cas, il s’agit d’être maudit à se réincarner-» la salle se vidait à vue d’œil. Blake ne tarderait pas à les rejoindre. « N’oubliez pas l’examen de mardi! Je vous veux tous au laboratoire à 09h00 du matin, sans aucun retard permis! Ceux qui seront en retard ne seront pas permis à l’intérieur, bon week-end! » s’époumonait-il alors que tous ses étudiants avaient quitté.

Un long soupire se fit entendre, l’homme se relevant du bureau sur lequel il s’était appuyé, son regard parcourant la salle désormais complètement vide. Dans quelques heures, la salle serait baignée de noirceur et aucun rayon de soleil ne viendrait se jeter contre les pupitres de sa classe. Dans quelques heures il partirait sur une chasse, bien qu’il n’en ait aucune envie il n’avait d’autres choix que d’obéir ce soir. Il avait perdu le compte du nombre de bar et de club qu’il avait dû investiguer à la recherche d’une ruche de créatures. Des murmures sombre présageant un mauvais augure sur toute la ville. Si cette ruche s’avérait réelle et arborait autant de monstres qu’on le pensait, tout Chicago pourrait facilement devenir affecté par une guerre sans fin. Déjà que Felix était sur les traces d’un vampire qui logeait le campus universitaire en laissant des corps un peu partout sans aucun effort pour cacher ses traces. Il avait, jusque-là, tuer deux rejetons vampiriques qui avaient été abandonnés par leur créateur. Fraîchement transformés, ces jeunes adultes avaient été des victimes servant uniquement d’appât vivant pour détourner le chasseur. À ses yeux, Blake n’avait que fait ce qu’il fallait en les achevant, les empêchant ainsi d’être condamné à errer à jamais dans les bras nocturnes de la lune et fermant le cycle infernal de la roue vampirique qui tournait sans arrêt. À chaque nouveau vampire, on comptait 2 victimes, celui transformé et celui qu’ils avaient tuer pour compléter la transition. Break the wheel. C’était la seule façon d’arrêter ce cercle vicieux, les tuer, sans leur donner la moindre chance. De toute façon, peu importe qui ils étaient humains avait été perverti par cette version maudite d’un suceur de sang ayant pris sa place. Rien n’allait les ramener à la vie et leur soif, surtout fraîchement transformé, les rendaient dangereux pour tous ce qui bouge et respire autour d’eux. Felix mis sa veste et quittait sa salle de classe une fois le calme retombé dans les couloirs de l’école. En seulement quelques minutes elle s’était complètement vidée, les élèves courant vers leur maison loin du bain de foule imposé, il allait en faire de même.

Il dormait de 17h à 21h très précisément. Une sieste méritée, son seul sommeil dans les derniers deux jours avant de se rendre dans un autre lieu suspecté d’arborer la fameuse ruche surnaturelle. Croyez-moi là-dessus, Felix Blake n’avait ni envie de sortir ce soir, ni n’était convaincue de quelconque façon qu’il tomberait sur le lieu exact qu’il cherchait depuis des mois déjà.

Le pandémonium.

De base, de l’extérieur même, il apparaissait comme un simple cabaret parmi une centaine d’autres dans Chicago. Bien qu’il soit nommé selon la capitale même de l’enfer, il s’agissait là simplement d’une mode populaire pour inciter les gens à faire parler du lieu, Felix pouvait jurer que son père avait cracher sous sa barbe en passant près du cabaret à multiple reprises pendant des années. « La où règne la corruption et le désordre » c’était presque trop…évident. Peut-être que cette évidence était ce qui avait jusqu’à maintenant fait en sorte que les chasseurs n’avaient même pas mis un seul pied dans la bâtisse.

« J’ai la chair de poule, pas vous les gars? » lançait Fred pour détendre l’atmosphère ou la tendre – dépendant du point de vue, du moins. – « cet endroit est maudit, ma grand-mère m’a dit que les démons l’habitent. Je ne sais pas pour vous, mais je ne suis pas équiper pour une chasse aux démons et Blake est bien placé pour ne-»

« Tu vas croire les histoires que te raconte ta vieille? Sérieux Freddy? » répliquait John en riant sous cape. Les deux chasseurs accordant un regard à Felix qui soupirait en guise de réponse formelle. « On cherche une trappe à vampire, relaxe, ce n’est pas le premier rodéo »

Le fameux Fred tremblait presque en s’agrippant au poignet de Felix. « Blake, fait entendre raison à J’. Ta famille à été décimé par les démons, t’a été forcé de marier Candy à cause du massacr-. » Blake retirait son poignet, lançant un regard froid à son compatriote.

« J’y vais, attendez-moi dehors, de toute manière ce n’est qu’un immeuble bande de poltrons. » coupait Felix plus sèchement.

John ricanait. « Un cabaret, Fel’. » corrigeait-il avant de mordre dans son sandwich et de s’installer dans la banquette arrière de la voiture, content de ne pas devoir aller à l’intérieur.

Le chasseur entrait littéralement dans la gueule du loup sans s’en apercevoir. Le cabaret n’avait rien de spécifique au premier coup d’œil outre son organisation très clair. Une place était vite assignée à l’arrivant qui avait dû payer pour assister au spectacle de ce soir. Felix n’avait pas vraiment pris le temps de vérifier la représentation ou le menu qui lui serait servi. Il ne faisait que regarder aux alentours sagement, observant, répondant poliment quand les serveurs l’approchaient sans plus. Il n’aurait simplement pas pu deviner la suite, même si on lui avait indiqué avec des panneaux électriques.